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Thessaloniciens 5,21 : « Examinez
toutes choses, retenez ce qui est bon »
Comme
il est facile d’avaler, de gober ! Avaler compte parmi ce que
nous faisons les mieux. On ouvre la bouche, on mastique la nourriture
ou on l’avale directement.
Mais
attention ! Avaler est physiologiquement très complexe. Il faut
les efforts attentivement concertés et conjugués, synchronisés
d’une trentaine de muscles ou groupes de muscles pour pouvoir
accomplir cette action ! Et une fois que la coordination
s’effectue, il est impossible de l’interrompre quand on veut.
Elle se poursuit jusqu’à la digestion, l’absorption et
l’élimination (métabolisation et catabolisation) de la
nourriture, qui finit en quelque sorte par faire partie de notre
être.
Tout
commence au niveau du cerveau. Vous apercevez une belle pomme dont
l’arôme vous met l’eau à la bouche et les belles couleurs
stimulent votre appétit. Vous la prenez, la sentez et commencez à
la croquer. Si vous surprenez, brusquement, une moitié d’asticot
frétillant dans la pomme, vous pouvez facilement cracher ce que vous
avez dans la bouche. Mais pour la bouchée avalée, ce n’est qu’en
prenant des mesures énergiques et fort déplaisantes que vous pouvez
entraver la digestion et empêcher que votre organisme n’assimile
la moitié de cet asticot !
Il
en est de même pour la vérité et l’erreur. Vous saisissez une
notion intéressante, une idée nouvelle ou originale, et vous
« l’ingérez » par votre bouche mentale et
spirituelle ». Si en l’examinant de plus près et en la
comparant avec les normes de la vérité, la notion demeure
acceptable, vous pourrez l’avaler et l’intégrer à votre
caractère, à votre système de valeurs ou à votre groupe de
références. Mais si elle contient ou dissimule une erreur, il est
souhaitable que vous vous absteniez d’y goûter ou que vous la
rejetiez avant de l’avaler.
Manifester
de l’indifférence ou un défaut de vigilance par rapport à ce que
vous pensez, par rapport au comportement adopté, ou négliger d’en
faire une évaluation, une critique, vous fait courir le risque de
permettre à l’erreur acceptée de devenir partie de votre « moi »
mental et spirituel, de votre caractère, de vos critères de choix,
donc une seconde nature. Par la suite, ce n’est que par un effort
énergique, et parfois pénible, que vous pourrez l’extirper. Ne
dit-on pas qu’un gramme de préparation vaut mieux que 1000 grammes
de réparation ?
Quelques
exemples bibliques : Joseph a fui loin de la tentation au prix
de sa tunique, de se réputation et de sa liberté, afin de conserver
son intégrité de caractère face à l’invitation de la femme de
Potiphar, son maître, de coucher avec elle (Genèse 39, 7-20). Il
sut affirmer sa position avec fermeté et clarté : « Voici,
mon maître avec moi ne prend connaissance de rien dans la maison, et
il a remis entre mes mains tout ce qui lui appartient. Il n’est pas
plus grand que moi dans cette maison et il ne m’a rien interdit,
excepté toi parce que tu es sa femme. Comment ferais-je un aussi
grand mal et pêcherais-je contre Dieu ? »
(Genèse, 39, 8-9). Daniel et ses compagnons ont tenu bon face à
Nébucadnetzar, en décidant de ne pas se souiller par les mets du
roi et le vin. Dieu leur accorda de la science, de l’intelligence
dans toutes les lettres et de la sagesse (Daniel 1). Job déclare :
« J’avais
fait un pacte avec mes yeux, comment aurais-je pu fixer mon attention
sur une vierge ?
(Job 31, 1).
Jésus
nous a enseigné de prier : « Ne
nous induis pas en tentation, mais délivre-nous du malin »
(Mathieu 6, 13).
Il
est donc possible de ne pas avaler le péché, de dire « non »
à la tentation, pour une vie plus harmonieuse et des relations plus
fructueuses !
La
Bible propose plusieurs critères de choix :
C’est
permis, mais :
-
est-ce
utile ?
(1 Corinthiens 6, 12)
-
est-ce
que cela induit un assujettissement ? un asservissement
ou pas? Autrement dit, suis-je encore libre ?
(1 Corinthiens 6, 12) (Romains 8,15)
-
le
principe du libre arbitre est-il respecté ou pas ?
(Deutéronome 30, 19)
-
suis-je
en voie d’autonomie ou d’hétéronomie ?
(Jacques 1,25 ; 2 Corinthiens 3,17)
-
est-ce
que cela édifie ou
pas?
(1 Corinthiens 10, 23)
-
la
démarche respecte-t-elle l’équité ?
(Ephésiens 5, 22-25)
-
et
la réciprocité ?
(Mathieu 7, 12)
-
concilie-t-elle
l’intensité du moment et la durée (développement
durable) ?(Jacques 1, 5-8)
-
est-ce
le fruit d’une conviction (Romains 14,23), par motif de
conscience? (Romains 13,5)
-
permet-elle
de conjuguer Moïse (la justice) et Elie (la compassion) ?
(Malachie 4,4-6 ; Osée 10,12 ; Psaume 85, 11-13 ;
Mathieu 17, 1 Jean 3, 10 ; Apocalypse 11,6)…
Jean-Michel MARTIN |