Le C.A.P.  -  Centre d'Aide Psychothérapeutique

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Elie, le voyage au bout du tunnel (1 Rois 19)

 

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I. Un prophète sous pression et en dépression

Elie venait d’assister au spectacle surnaturel de la toute-puissance de Dieu, qui avait montré sa terrible force en déversant son feu sur l’holocauste. Les enfants d’Israël, à défaut d’aimer ou de respecter ce Dieu puissant et guerrier, avait une grande peur face aux manifestations de sa sainte colère. Il valait mieux ne pas tomber entre ses mains vengeresses.
C’était un contexte de guerre, de lutte et de sang qui coulait à flots, où la vie humaine ne tenait qu’à un fil. Elie y avait fait preuve de courage, de témérité et d’endurance. Un vrai héros, une figure emblématique, comme certains les aiment. Ils avaient exterminé par le fil de l’épée les 450 faux prophètes de Baal.

Et voilà qu’il apprend que sa propre vie est menacée par une femme, Jézabel, qui menace de lui faire subir le même sort que celui qu’il avait réservé aux prophètes. On a l’impression qu’il est plongé comme dans les ténèbres d’un tunnel, suite au traumatisme des événements sanglants qu’il avait vécus, et desquels on ne sort jamais indemne , même quand on est du côté des vainqueurs.

Elie se rend dans le désert (pour y méditer, pour s’y retrouver, ou pour y disparaître ?). Les ténèbres de son tunnel s’y épaississent : choc émotionnel, pensées négatives et morbides qui s’entrecroisent, discours mortifère : « C’en est trop ! Maintenant, Eternel, prends ma vie, car je ne suis pas meilleur que mes pères ».

Du point de vue cognitif (perception rationnelle de la réalité), il souffre d’un triple déficit:

1) Il a une très mauvaise estime de lui et de ceux qui l’ont précédés dans sa filiation (nous sommes mauvais, nuls, ne valons rien) ;
2) L’environnement est perçu comme hostile : « on veut ma mort », « je n’aime pas les roses, car elles ont des épines ». Il n’y a que des défaites, que des pertes, que des inconvénients, pas d’avantages ; que des problèmes, pas de solutions !
3) L’avenir est compromis : « il n’y a pas de sortie du tunnel, plus rien à espérer ». Autant le passé est lourd à porter, autant le présent est impossible à vivre, autant le futur est hypothéqué (pour parler des trois dimensions du temps).

Il n’est pas à l’étape bénigne du simple découragement passager, ni à celle plus sérieuse de l’abattement, mais au stade plus grave du désespoir, se sentant en rupture absolue, en isolement total, même abandonné par Dieu.

Or celui-ci a prévu une panoplie de remèdes, dont certains sont assez surprenants .


II. Les remèdes pour sortir du tunnel

A. L’envoi d’une personne qui le soutient par sa présence amicale et aidante, grâce à ce que la psychologie appelle une « tuteur de résilience », celui qui aide à rebondir (voir Boris CYRULNIK). Ici il s’agit d’un ange, qui ne vient pas les mains vides (v.5-6 : « Un ange le toucha, et lui dit : Lève-toi et mange… Il regarda, et il y avait à son chevet un gâteau sur des pierres chaudes et une cruche d’eau. Il mangea et but , puis se recoucha » idem au verset 7). La question personnelle à se poser : « Du qui suis-je l’ange, et qui m’a permis de rebondir lors de ma traversée du désert »?


B. L’expérience du toucher (v.5 : « …un ange le toucha »). Un toucher sanctifié, car il permet la distance relationnelle la plus intime, s’inscrivant dans la connaissance empirique, par les sens (voir, entendre, goûter, sentir…) Voir 1 Jean 1, 1-4 : « Ce qui était dès le commencement, ce que nous avons entendu, ce que nous avons vu de nos propres yeux, ce que nous avons contemplé et que nos mains ont touché, concernant la parole de vie, et la vie a été manifestée, nous l’avons vue, nous en rendons témoignage… ce que nous avons vu et entendu, nous vous l’annonçons, à vous aussi, afin que vous soyez en communion avec nous… ». Paul a lui aussi expérimenté ce type de connaissance, qui donne au témoignage du chrétien sa vraie saveur. Il dit dans 2 Co.2,14-16 : « Grâces soient rendues à Dieu, qui nous fait toujours triompher en Christ, et qui par nous, répand en tout lieu l’odeur de sa connaissance ! Nous sommes en effet, pour Dieu, la parfum de Christ ; parmi ceux qui sont sauvés, et parmi ceux qui périssent : aux uns, une odeur de mort, qui mène à la mort ; aux autres, une odeur de vie, qui mène à la vie… »


C. L’acceptation de se sonder et de se remettre en question: «… La main de l’Eternel fut sur Elie, qui mit une ceinture à ses reins et courut devant Achab… » (1 Rois 18,46) . La ceinture sur les reins fut le premier vêtement fourni par Dieu à nos parents après leur chute (Genèse 3,7). Elle rassure, conforte, donne force et courage, et marque un engagement, un vœu (obéissance, consécration). Elle permet « avoir les reins plus solides ». Elle est symbole d’attachement constant, de loyauté : «La justice sera la ceinture de ses flancs, et la fidélité la ceinture de ses reins « (Esaïe 11,5). Elle représente aussi l’attitude de celui qui est prêt à bouger, à partir quand l’ordre lui en est donné, quand il faut franchir le passage. C’était l’expérience du peuple juif en célébrant la Pâque, en Exode 12,11 : « Quand vous mangerez l’agneau, vous aurez les reins ceints, vos souliers aux pieds, et votre bâton à la main ; et vous le mangerez à la hâte. C’est la Pâque de l’Eternel ». Elle marque donc cette disposition intérieure, cette disponibilité, le fait d’être prêt intérieurement et extérieurement (dans l’organisation de son espace vital), pour se lancer dans l’action prévue par Dieu : « Et toi, ceins tes reins, lève-toi et dis-leur tout ce que je t’ordonnerai. Ne tremble pas en leur présence… » (Jérémie 1,17). « Que vos reins soient ceints, et vos lampes allumées » (Luc 12,35).


D. La satisfaction des besoins (voir A. MASLOW et sa pyramide):
1) les besoins plus fondamentaux comme respirer, manger, boire, se reposer.., qui permettent le maintien de la vie ou de la survie, en attendant mieux ;
2) les besoins plus élaborés comme le besoin de sécurité, qui protège du danger physique, des menaces psychologiques, qui stabilise la situation devenue trop destructrice, parfois en permettant la prise de distance et en trouvant des lieux de refuge: v.4 : le désert ; v.8 : le mont Horeb ; v.9 : une grotte ; v.13 : le manteau dont il s’entoure le visage…
3) le sentiment d’appartenance à un groupe qui permet le partage de l’amour et de l’affection, au sein de relations et d’une communication chaleureuses (v.14-18) . Il est fondamental de découvrir un groupe d’appartenance pour être avec ceux qu’on aime, qui sont perçus comme des compagnons et pas comme des juges.
4) le besoin d’estime de soi et de la part des autres : je vois que je suis utile, valorisé, accepté, capable de me fixer des buts et de les atteindre, tout en sachant que j’ai encore des progrès à accomplir, (ce que le groupe auquel j’appartiens doit faire lui aussi;

5) la possibilité de croître, de grandir : au niveau de l’intelligence rationnelle (les idées), de l’intelligence pragmatique (les choses concrètes, les objets) ; de l’intelligence esthétique (le goût du beau) ; et de l’intelligence relationnelle (lien avec les gens rencontrés , sens des événements vécus, valeur des expériences faites…)


E. La réponse aux attentes les plus profondes:
1) D’où est-ce que je viens (origine) et qui suis-je (identité)
2) A quoi est-ce que je sers : « Que fais-tu ici ? » (v.9)
3) Suis-je digne d’être aimé et capable d’aimer (quête narcissique)
4) Les étapes de structuration de ma personnalité ont-elles été posée ou non ?
* être aimé, être soigné (enfance),
* s’aimer et se soigner (adolescence)
* aimer et soigner (adulte). Dans mon parcours personnel, dans la structuration
    de mon être, ces trois étapes ont-elles été respectées ou pas ?


F. L’intégration ou la réintégration dans une filiation divine et humaine (v.4; v.10 ; v.11 ; v.15-18 : « Va, reprends ton chemin par le désert jusqu’à Damas ; quand tu seras arrivé, tu donneras l’onction à Hazaël, comme roi de Syrie… » Ici Elie sert d’intermédiaire pour l’onction d’un roi. Il joue donc un rôle de transmetteur, de relais, au sein de la communauté politique de son pays. , de même qu’au sein de la communauté spirituelle, religieuse, puisqu’il va servir de transmetteur pour l’onction du prophète qui lui succédera : « … et tu donneras l’onction à Elisée, fils de Chaptath, comme prophète à ta place… » (v.16).


G. La compréhension d’un Dieu puissant et redoutable (v.11-12), mais aussi tendre et plein de sollicitude : « … après le feu, un son doux et subtil… » (v.12). L’Eternel, fort et puissant, n’était pas dans les éléments déchaînés : ni dans le grand vent qui déchirait les montagnes ; ni dans le tremblement de terre ; ni dans le feu, mais dans une présence rassurante et remplie de tendresse, comme une maman qui m’a porté(e) et qui tressaille du fond de son entrailles. Le livre du Deutéronome en parle de manière poétique quant il peint la manière dont Dieu veille sur son peuple : « …Pareil à l’aigle qui éveille sa nichée, voltige sur ses petits, déploie ses ailes, les prend, les porte sur ses plumes, il l’entourait, il en prenait soin » (De..32, 9-12) : Le prophète Esaïe est aussi le chantre de cette douce sollicitude d’un Dieu qui établit un lien relationnel privilégié avec chacun de ses enfants : « …Sion disait : L’Eternel m’a abandonnée, le Seigneur m’a oubliée. Une femme oublie-t-elle son nourrisson ? N’a-t-elle pas pitié du fruit de ses entrailles ? Quand elle l’oublierait, moi, je ne t’oublierai pas. Je t’ai gravé sur mes mains… » (Es. 49,13-15) . Ce même Dieu, que certains connaissent comme un père, qu’il faut prier, est encore plus proche, comme un papa qui m’adopte en tant que sa fillette ou en tant que fiston, dans une adoption plénière et définitive. L’apôtre Paul l’avait bien expérimenté. Il le dit dans Romains 8, 15-17 et dans son Epître aux Galates, 4,14-16 : « …Et vous, vous n’avez pas reçu un esprit de servitude, pour être encore dans la crainte, mais vous avez reçu un esprit d’adoption, par lequel nous crions Abba !Père ! L’Esprit lui-même rend témoignage à notre esprit que nous sommes enfants de Dieu… »


H. L’ouverture au monde, à la vie, vécus non pas comme des menaces à affronter, mais comme une aventure à partager, comme des défis à relever ensemble (v.19-21).


I. L’opportunité de gérer des conflits, non dans un affrontement meurtrier, mais dans une saine confrontation, dans le débat d’idées, permettant non pas l’exercice d’un pouvoir mais le déploiement de compétences complémentaires : « …Elisée abandonna ses bœufs, courut après Elie, et dit : Je vais embrasser mes parents, et je te suivrai… » (v.21)


J. Enfin l’acceptation, le lâcher-prise, le deuil qui est enfin fait (et plus seulement porté) face aux pertes, qu’elles soient prévisibles ou imprévisibles, avec les 7 étapes de ce processus :

1) Le choc : état d’hébétude, qui paralyse la perception de la cruelle réalité : « Fais-moi mourir » ; « Je suis tout seul »… On a l’impression de vivre un mauvais rêve dont on voudrait se réveiller, ou bien les souvenirs du passé qui submergent la réalité présente sont tellement douloureux qu’on préférerait disparaître.
2) Le déni : on voudrait oublier l’événement douloureux, le refouler, se réfugier dans le passé, le bon vieux temps.
3) L’expression des émotions : « C’en est trop » ; « Ils cherchent à m’ôter la vie » ; « Prends ma vie »…
4) La prise en charge des tâches liées au deuil : vivre le départ, la séparation, accepter (sans se résigner), que certains points de non retour sont dépassés et que désormais le vie ne sera plus comme avant. Se mettre en mouvement, s’inscrire dans la dynamique que la vie continue, malgré tout : Au verset 4 : « Il alla dans le désert.. » ; au verset 13 : « …il sortit et se tint à l’entrée de la grotte » ; au verset 19 : « … Elie partit de là, et alla trouver Elisée… »
5) Découvrir le sens de la perte, la valeur du changement : rebondir, trouver la signification du vécu, même s’il est traumatisant, comprendre qu’il y a des raisons d’exister ;
6) Echanger les pardons (accorder et recevoir), en sachant que celui qui ne peut pardonner à ses tortionnaires n’est pas encore sorti de sa prison.
7) Prendre possession de sa propre histoire, de son héritage : en racontant les « histoires » qui la composent ; en trouvant un fil conducteur ; en comprenant que tout rite de passage implique trois temps :
a) La rupture avec le passé, la séparation avec l’étape antérieure qui était trop pénible ou destructrice ;
b) La période de « marge », d’entre deux, qui permet un nouvel apprentissage, et l’abandon des faux schémas mentaux antérieurs: non Elie n’est pas tout seul ! Non, le monde ne lui était pas qu’hostile ! Oui, il y avait un avenir, et la relève fut assurée, au bon moment !
c) La nouvelle entrée, l’intégration : « …Puis il (Elisée) se leva, suivit Elie et fut à son service » (verset 21)



Jean-Michel MARTIN
    

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