Le voilier
Il glisse, il glisse le voilier,
Comme un papillon léger
Aux ailes blanches déployées ;
Il glisse, il glisse le voilier.
Sous le doux ciel azuré,
Sur les flots bleus argentés.
Il s'éloigne, démesuré,
Au sein de l'immensité.
Gracieuses, les frêles mouettes
L'entourent pour le saluer,
En lui faisant des courbettes,
Sans oublier de crier.
Il glisse, il glisse le voilier,
En s'éloignant disparaît,
Comme le doux visage discret,
D'un bonheur éparpillé.
Georgette MARTTN
Le champ de blé
Le champ de blé en abondance foisonne,
Ses fils dorés sous les caresses du vent frissonnent.
Cheveux blonds, tressés d'épis mûris au soleil,
Dont les grains jaunis donnent leur fruit sans pareil.
Puis champ dépouillé, quand enfin sonne l'heure,
Offrant ses mille gerbes de promesses au glaneur,
Quand il succède au sillon du laboureur,
Pour récolter quelques miettes de son labeur.
La chaleur du jour exhale sa douce haleine
Sur le visage émerveillé de la plaine.
L'espoir a chassé au loin l'ombre de la haine,
Ses senteurs parfumées consolent l'âme en peine.
Le mariage est comme un champ de blé : travail de labours,
Apprendre à se connaître, creuser l'écrin à l'amour.
Deux êtres se rencontrent, se frottent à leurs différences,
Tissent leur projet, fécondent leurs semailles,
Plantent dans le cur de l'autre leur graine d'espérance,
Partageant le pain béni des retrouvailles.
Manquer de ce pain serait manquer de l'essentiel.
Cadeau précieux, que l'hospitalité apporte.
Copain ou compagnon de route ? Peu importe :
Pain de vie, aujourd'hui descendu du ciel,
Nourriture du croyant, déposée au creux de sa main,
Pour aller ensemble, au bout du long chemin !
Jean-Michel MARTIN
Létiquette sur le pot de confiture,
Encore tiède, il me faut lidentifier,
Ecrire ton nom- un peu plat.
Te dessiner- mais voilà,
Pour la première fois
Courage !
A mes yeux tu timposes rouge, avec des points.
Sous les crayons de couleur
Voici que tu te révèles en cur
Toute de vermillon vêtue,
Brillante,
Chapeautée de vert,
Comme une fleur,
Comme le bonheur.
Annie
La fraise :
Joufflue, charnue,
Rouge comme le désir,
Toquée de vert
En mai elle fait briller
Les yeux des petits et des grands.
Mes papilles salivent à sa vue,
Mon nez est flatté par son parfum retrouvé.
Cest en juin dans tes yeux
Que jai rencontré
Sa forme de cur.
Annie
Le champ de blé,
Le champ de blé en abondance foisonne,
Ses fils dorés sous les caresses du vent frissonnent.
Cheveux blonds, tressés dépis mûris au soleil,
Dont les grains jaunis donnent leur fruit sans pareil.
Puis champ dépouillé, quand enfin sonne lheure,
Offrant ses mille gerbes de promesses au glaneur,
Quand il succède au sillon du laboureur,
Pour récolter quelques miettes de son labeur.
La chaleur du jour exhale sa douce haleine
Sur le visage émerveillé de la plaine.
Lespoir a chassé au loin lombre de la haine,
Ses senteurs parfumées consolent lâme en peine.
Le mariage est comme un champ de blé : travail de labours,
Apprendre à se connaître, creuser lécrin à lamour.
Deux êtres se rencontrent, se frottent à leurs différences,
Tissent leur projet, fécondent leurs semailles,
Plantent dans le cur de lautre leur graine despérance,
Partageant le pain béni des épousailles.
Manquer de ce pain serait manquer de lessentiel.
Cadeau précieux, que lhospitalité apporte.
Copain ou compagnon de route ? Peu importe :
Pain de vie, aujourdhui descendu du ciel,
Nourriture du couple, déposée au creux de sa main,
Pour aller à deux, au bout du long chemin !
Jean-Michel MARTIN
La beauté
C'est par les yeux d'abord que nous découvrons la beauté.
Puis, saison après saison, elle nous émerveillera.
La nature, surtout, nous dévoile sa majesté.
Concrète ou abstraite, oui, elle se révèlera.
Pendant que le goût évoque de bonnes recettes,
L'oreille nous y conduit par des sons harmonieux.
L'odorat peut nous la montrer par d'autres facettes,
Mais le toucher reste subtilement mystérieux.
La vue, d'emblée, nous invite à la nommer beauté:
Lumière, couleurs, éclat, charme, délicatesse.
Toutes ses qualités ne doivent pas être cachées,
Car elles nous font entrevoir la divine promesse.
L'espoir et la foi nous mènent à sa splendeur suprême;
L'attrait dans l'espérance de sa somptuosité,
Où grâce et magnificence seront l'emblème,
L'équilibre et la paix deviendront la félicité!
Ginette MAYER
Lettre à la nature
Nature, tu es si belle et si intense !
Comment décrire ton éternelle source
De paix, bonheur, sérénité et silence ?
Dans mes douces méditations, dans mes courses,
Nature, tu me fais incliner la tête,
Devant ton ineffable grandeur.
Toujours, je désirerais te faire la fête,
Pour ces sentiments qui réveillent ma tiédeur.
Le moindre de tes détails est une splendeur :
Fleur, fruit, nuage ou bourgeon,
En trouverais-je la sublime profondeur ?
Du grain de pollen à la dignité des joncs
Même le colibri a son utilité,
Pour se manifester dans ton immensité.
Le vent, la pluie, l'orage et la tempête,
Par leur force, encore me le répètent.
Oui nature, tu es si majestueuse !
Je crois connaître ton admirable Maître.
Il t'a établie ici-bas, si charmeuse,
Car sans cesse tes bienfaits me font renaître.
Dieu est présent dans chacune de tes fibres.
Je vois Sa puissante main dans tous tes recoins.
Sans Lui, ni toi ni moi, nous ne pourrions vivre,
Car c'est Lui qui nous prodigue tant de soins.
Et je Le distingue dans tes senteurs pures,
Je l'admire très souvent sous tes ombrages,
Je Le prie et L'adore sous ton feuillage,
Car je Lui voue tant d'admiration, de pouvoir
Te contempler, Le chanter et enfin te voir
Chaque saison, renouveler ta parure.
Nature, tu es si belle et si intense,
A nous, bonheur, sérénité et silence.
Ginette Mayer (03.02.1994)
BALLADE
Paix, ô mon cur : sil faut, vers des cieux sans matin,
Pour un nouvel appareillage
Aventurer ce soir, dans lombre, ton destin,
Ta cargaison, ton équipage,
Ton âme à la tempête et ta nef au naufrage,
Ton il éteint, ton corps meurtri
Quimporte ? Si lAmour a blanchi ton sillage
Au souffle vainqueur de lEsprit.
Sois, au cur fraternel, où frémit le divin :
Pour la gazelle un pâturage,
Leau du poisson, le rouge osselet du devin,
La Kâba du pèlerinage,
Et le cloître du moine, et le temple du sage,
Livoire où Gautama sourit,
Le marbre, de Pallas animant le visage
Au souffle vainqueur de lEsprit.
Accueillant, ô mon cur, aux grâces du jardin,
Aux mouvant décors du nuage,
A la lente espérance, au désastre soudain,
Aux longs séjours comme au voyage,
Sois prêt à tout quitter, et lâtre et le mouillage
A lappel qui blesse et guérit :
La mort, demain, verra renaître ton courage
Au souffle vainqueur de lEsprit.
Prince, entez sur mon cur, timide, le message
Qui, pain vivant, a seul nourri
Tout peuple, toute foi, toute race et tout âge :
Le souffle vainqueur de lEsprit.
Théodore MONOD (août 1946)
APPAREILLAGE
La nuit tombe, le flot senfle et le vent se lève,
Et le câble se tend et la coque a frémi
Est-ce lheure, ô Pilote inconnu, mon ami,
Lheure dabandonner et le port et la grève,
Pour lultime départ ? Est-ce la fin du rêve ?
Si lamarre inutile à ton ordre a gémi,
Bons matelots, larguez. A mon ardeur promis
Lespace va souvrir, sans limite, et sans trêve.
Au large, vers la nuit, la tempête, et lorage,
Demain peut-être, ô mon esquif, vers la naufrage
Mais je mourrai debout, à la barre, emporté
Par lExterminateur sous un ciel sans étoiles,
Chantant à pleine voix, cinglant à pleines voiles
Vers les portails de feu de la Sainte Cité.
Théodore MONOD (31 décembre 1939)
MAREE MONTANTE
Cernés par locéan que gonfle la marée,
Voici que sous nos pieds le sol sest rétréci :
Leau monte, infatigable, et la nuit épaissit
Le grandissant effroi de lâme chavirée.
Voici que la tempête au vent du soir emporte,
Cadavres désormais au limon retournés,
Avec les pleurs des saints et les cris des damnés,
Et le jeune et le vieux, et le vif et la morte.
Nos fugaces destins et nos aubes fanées,
Tant de larmes, de sang, de sueurs, tant de jours
Au labeur consacrés, nos joies et nos amours
Iront-ils sabîmer au gouffre des années ?
Sur les grèves du Temps de nos pas les vestiges
Seront-ils abolis du flot dévorateur ?
Au néant verra-t-on noyer de limposteur
Les titres, les orgueils, les ors et les prestiges ?
« Etrangers, condamnés au voyage, à lerrance,
Au naufrage promis, dit la Voix, repartez
»
Ensuite descendra sur ces débris flottés,
Pacifique, vainqueur et royal, le Silence
Théodore MONOD- Dakar, octobre 1963
Le moment de la maturité,
Dans une vie bien accomplie,
Est comme un champ arrosé,
Par une bienfaisante pluie.
C'est la touche merveilleuse,
D'un rayon de soleil,
Qui ravive la couleur heureuse,
D'un bord de mer sans pareil.
C'est l'humble petite veilleuse,
Qui rassure dans la nuit,
Fidèle et généreuse,
Elle guide et conduit.
C'est comme une bonne flambée,
Le soir, au calme de la veillée,
Quand dehors, froidure et gelée,
Font apprécier l'âtre de la cheminée.
La maturité regarde en face l'événement,
Elle le gère, à sa mesure,
Comme l'espérance du patient,
A raison de sa blessure.
Ni arrêt sur le passé,
Ni impatience face à l'avenir,
Elle vit le présent ensoleillé,
Et assume la joie de son désir.
Qu'importe l'incident,
La déconvenue, l'impromptu,
Elle apprend constamment,
Dans le respect de l'individu.
Si maturité a pour sur,
Celle que l'on nomme sagesse,
C'est qu'elle a dans le cur,
La fermeté, non la faiblesse.
Sans cesse active et positive,
Elle transforme l'erreur,
Suscite la réflexion attentive,
Et savoure du temps, la douceur.
Jamais fruit n'a été si excellent.
Cueillons-le avec gratitude,
Goûtons le bienfait du moment,
Avec ferveur, dans la plénitude.
Jacques EYCHENNE
C'est un copieux banquet
Que nous dédie l'amour,
Un déjeuner coquet Pris à la fin du jour...
Il nous offre sans fin
Nos apports journaliers,
Il apaise nos faims
De rêves fous à lier.
On ne va plus jamais
Souffrir de solitude,
Jamais manquer d'aimer
Avec béatitude.
Nos curs repus sans cesse
De sage tendresse
Demanderont en liesse
D'en manger sans cesse.
Ils vivront dans l'ivresse
De ces douces caresses
Que procure l'allégresse
D'un repas de noblesse.
Nous n'aurons plus jamais
A fuir la solitude,
Nous ne verrons jamais
Changer nos attitudes.
Nous recevrons sans fin
Ces fruits bien cavaliers
Du suave parfum
Tristement singulier
D'une promesse marquée
D'un éternel amour,
D'un rendez-vous coquet
Pris à la fin d'un jour.
Linnthais
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